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Jeanne BODIN : souvenirs de l'école de Gehée (épisode 4)

Publié le par Richard Gouron

 La suite des souvenirs de Jeanne BODIN :
"Le catéchisme
    Je voulus y aller à six ans. Bien que n’étant pas d’accord, monsieur le curé accepta. Je restais plusieurs années avec les petites puis changeais de classe  de deux ans en deux ans.
    Pour gagner du temps, la première de chaque classe  faisait réciter les autres et donnait des notes que jamais monsieur le curé ne contestait. Nous étions sept en dernière année. Je ne me montrais pas sévère pour les notes mais demandais à mes camarades de réapprendre les leçons insuffisamment sues. Les garçons  se plaignaient de Serge qui était plus sévère.
    Ce mois là nous étions trois premières. La seule fois pour Yvonne. Elle en profita  pour se montrer très sévère. Je devais la faire réciter et elle toutes les autres, y compris moi-même. Sur sa demande, je la fis réciter au début et lui donnais une très bonne note qu’elle méritait à peine. Puis elle m’interrogea sur les trois questions qu’elle savait que je connaissais le moins. Elle me mit une note très moyenne  mais certainement supérieure à celle que je méritais, tant surprise et indignée j’avais bredouillé.
Serge, très fâché me dit:
- « Tu dois te venger, elle avait promis de ne pas te poser ces questions. »
Je le fis en effet un peu plus tard.
    En classe j’étais à la même table qu’elle. Elle était très faible en calcul et moi très forte. Pendant deux semaines elle en profita pour copier sur moi. Ce jour-là,  le problème était si facile que nous avons cru à une erreur de la maîtresse. A la sortie, chacune de nous annonça le résultat : 54, le chiffre m’est resté dans la mémoire.
Fernande me dit qu’elle allait dénoncer Yvonne, elle copiait depuis trop longtemps.
- « Non, lui-dis-je. Je vais faire autrement. »
Et je lui confiai  mon plan. Le midi, Fernande pourtant discrète, le divulgua à toutes et à tous. A deux heures, j’appelais Yvonne et lui dis:
- « Notre problème est faux, il faut le corriger. » Et consciencieusement elle fit ce que je lui dis.
Lorsque madame Méry demanda la réponse elle annonça fièrement 228. Toute la classe  éclata de rire. Fernande qui ne riait pas moins que les autres, put se calmer et expliquer à la maîtresse ce qui se passait.

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     A la sortie du soir, les garçons partagèrent notre joie. Yvonne ne me parla jamais de ma vengeance, mais ne copia plus. J’avais doublement réussi.
    Monsieur le curé d’Entraigues nous avait ordonnés, sous peine de renvoi du catéchisme de copier les cantiques sur un carnet. J’attendais ma mère pour avoir les deux sous nécessaires. Lorsque j’arrivais à l’épicerie il ne restait plus qu’un carnet à cinq sous, les autres, moins chers ayant été vendus. Je l’achetai avec la pièce donnée par maman. Elle en eut bien de la peine; il ne lui restait que cet argent-là.

    Pendant les récréations, madame Méry aimait nous voir jouer ou courir. Celles de la campagne apportaient leur déjeuner et mangeaient en classe, puis sortaient jouer. Celles du bourg pouvaient venir plus tôt pour partager leurs jeux.
    Pendant les grandes chaleurs, la maîtresse nous donnait, à celles qui le voulaient, un problème non noté. Fernande et moi nous nous partagions nos « élèves. » Le temps de midi nous paraissait moins long."
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